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Famille Suqué- Mateu, propietaires

Miguel Mateu Pla

Classe au cloître des Carmes. École des Comtes, XIXème. siècle

Façade de l'église des Carmes. Photo du début du XXème siècle

Restauration du Couvent des Carmes en 1890. Album Rubaudonadeu

HISTOIRE

Peralada est une ville archéologiquement attestée depuis le VIème siècle ACN. L’histoire de l’actuel Château de Peralada débute en 1.285 quand, durant une guerre contre la France, le premier château des vicomtes de Peralada a été détruit. Plutôt que de le restaurer, les vicomtes décident de construire un nouveau château à l’extérieur des murailles, ce qui évite les limitations d’espace.

 

Ils sont propriétaires des terres qu’occupe l’actuel musée, et ils décident de les céder à des frères carmélites pour qu’ils y aient leur couvent. La seule condition est une clause de restitution signée en 1.293 qui permettra aux vicomtes de récupérer le terrain si les frères abandonnent le couvent.

 

L’histoire suit son cours jusqu’à l’année 1.835 quand, suite au désamortissement de Mendizábal les frères quittent Peralada. Le couvent est abandonné jusqu’à ce que, en 1854-1855, les comtes fassent appliquer le document de restitution et récupèrent leur propriété. Dans la décade de 1870, les trois derniers frères de la famille des comtes décident de rentrer de Paris (où ils avaient fixé leur résidence principale) et de s’installer à Peralada. En effet, il s’agit de l’endroit qui leur donne leur titre le plus ancien, celui de Comtes de Peralada (depuis 1.599 car jusqu’alors ils avaient été vicomtes).

 

A leur arrivée, ils trouvent un château médiéval, entre le manoir et la bâtisse militaire, qui n’a rien à voir avec les palais français où ils ont l’habitude de vivre, ce qui fait qu’ils décident de transformer le vieux château en un Palais à la mode française, de le doter de quelques commodités comme l’eau courante et l’éclairage au gaz. Ils chargent aussi Duvillers de construire le parc et le projet est signé le 30 avril 1877. Dans l’actuel musée, ils installent une école gratuite pour les enfants du village : c’est une école de culture générale qui enseigne les métiers artistiques et la musique. L’un des comtes y exerce comme professeur.

 

Quand meurent les trois frères, tous trois sans descendance, la propriété de Peralada passe au Marquis de la Torre, qui n’utilise le château que comme résidence d’été. Cette situation fera que toutes les activités culturelles que menaient les comtes se perdent ou diminuent considérablement.

 

A la mort du Marquis de la Torre, en 1923, le château est mis en vente et l’ensemble est racheté par Miguel Mateu y Pla, qui, à l’époque, n’a que 25 ans. Mateu était un industriel important de Barcelone. Son père était collectionneur et lui-même avait commencé quelques collections. Avec l’achat du château, il disposait désormais de tout l’espace nécessaire pour abriter toutes les collections dont il pouvait rêver. Et de fait, toutes les collections qui sont présentées au musée ont été rassemblées par Mr. Mateu à l’exception de la collection lapidaire placée dans le cloître et des chapiteaux qui soutiennent les autels de l’église.

 

Après le décès de Miguel Mateu en 1972, ce sont sa fille Carmen Mateu et son gendre Arturo Suqué qui ont pris en charge la gestion et la conservation du patrimoine. Actuellement, leurs descendants, Isabel, Javier et Miguel, sont les héritiers d’une histoire et d’unes collections d’art internationalement reconnues.

 

 

LE BÂTIMENT

Une bonne partie des collections en accès public sont exposées au Musée du Château, installé dans le couvent du Carmen. Il fut le second couvent que les frères carmélites chaussés possédèrent à Peralada. “El Carme Vell” (le Vieux Carmel) était situé dans un lieu indéterminé, à quelques centaines de mètres à l’Est du village.

 

La construction de l’actuel couvent a commencé à partir de la moitié du XIVème siècle, sur un terrain annexe de la seconde enceinte de la muraille, aux alentours de 1.300, que les Comtes de Peralada avaient cédé aux frères. Ce couvent était relié au quartier juif (“call”) et, d’une certaine façon, le régentait puisque l’ouverture de la porte du quartier se réalisait à partir d’un coup de cloche du clocher carmélite et de surcroît, une sortie – par un portail – du Call vers l’extérieur de la muraille était annexée au couvent, ce qui permettait d’en contrôler la fermeture nocturne.

 

Le monastère carmélite a été affecté par le désamortissement de Mendizábal (1834-1835); peu après, les comtes de Peralada en ont récupéré la propriété en faisant valoir une clause de restitution spécifiée dans la donation et ils l’ont incorporé dans le château en construisant un pont néoclassique par dessus la route, ce qui a permis d’unir les deux propriétés en une seule.

 

L’architecture du couvent du Carmen correspond fondamentalement à deux périodes. La première est la période originale de la construction, du milieu et de la seconde moitié du XIVème siècle. L’autre date de la fin du XIXème siècle, époque à laquelle les derniers comtes de Peralada l’ont transformé en école pour enfants (les salles de classe étaient situées là où se trouve aujourd’hui le musée du verre) et en bibliothèque. L’action des comtes a été radicale : ils ont détruit toutes les constructions non originales, fruits de transformations baroques que les frères avaient réalisées tandis qu’ils occupaient le couvent. Ils ont reconstruit un bâtiment uniforme de style gothique.